10 juin 2022

L'étude en un coup d'œil

Lorsque nous ressentons des douleurs au quotidien, nous sommes nombreux à avoir recours à des médicaments en vente libre comme l’ibuprofène et l’aspirine. Ces médicaments sont connus sous le nom d’anti-inflammatoires non stéroïdiens. Les AINS atténuent l’inflammation, un facteur majeur de la douleur aiguë. Bien que ces médicaments aient des effets bénéfiques bien documentés sur le soulagement de la douleur, une nouvelle étude menée par des chercheurs de l’Université McGill remet en question les notions existantes de traitement de la douleur aiguë. Les résultats suggèrent que le traitement de certaines formes de douleur aiguë avec des anti-inflammatoires peut augmenter le risque que cette douleur se transforme en maladie chronique. Examinons les résultats de cette étude pour mieux comprendre la relation entre la douleur chronique et l’inflammation et ce que la science dit sur la gestion de votre douleur.

Ce que les chercheurs recherchaient et pourquoi

Avant d’explorer cette étude, nous tenons à souligner que cette recherche en est à ses débuts et ne doit pas être utilisée comme un avis médical. Nous vous encourageons à parler à votre médecin de ces résultats et de ce qu’ils pourraient signifier pour vous !

L’objectif de la recherche était d’étudier les causes de la transformation d’une douleur aiguë (à court terme) en une maladie chronique (à long terme). Une expérience contrôlée a examiné les réponses génétiques aux médicaments anti-inflammatoires chez des patients souffrant de lombalgie aiguë.

Selon Luda Diatchenko, co-auteure principale de l’étude, « nous avons observé des changements actifs dans les gènes au fil du temps chez les personnes dont la douleur a disparu ». Selon Diatchenko et son équipe, les changements génétiques critiques ont été trouvés dans un type de cellules sanguines immunitaires appelées neutrophiles. Ces cellules jouent un rôle crucial dans les premiers stades de l’inflammation et de la réparation dans le corps.

Quels ont été les résultats ?

En d’autres termes, lorsque les sujets n’utilisaient pas d’AINS pour traiter leurs douleurs lombaires, leurs neutrophiles subissaient des modifications génétiques. Les chercheurs ont constaté que ceux qui n’utilisaient pas ces médicaments se remettaient rapidement de leurs douleurs dorsales aiguës. Ces mêmes gènes étaient remarquablement silencieux chez les patients qui souffraient de douleurs chroniques à long terme.

Ces résultats sont assez inattendus, car les anti-inflammatoires sont un traitement largement utilisé pour les douleurs lombaires et des décennies de données ont démontré qu’ils aident à réduire la douleur. Mais cette première découverte suggère que l’utilisation de médicaments en vente libre pour supprimer la réponse inflammatoire précoce à la douleur pourrait contribuer à augmenter le risque de développement de douleurs chroniques.

Répéter les résultats avec des souris dans un environnement contrôlé

La corrélation entre l’utilisation des AINS et le risque accru de voir la douleur aiguë devenir chronique a motivé les chercheurs à mener des essais sur des souris en laboratoire, et les résultats ont été frappants.

L'étude s'est concentrée sur les cellules immunitaires mentionnées plus haut, les neutrophiles. Les chercheurs voulaient déterminer les effets de la suppression de ces cellules sur la douleur à long terme des souris. Ils ont comparé les médicaments anti-inflammatoires traditionnels en vente libre à un groupe témoin.

Ils ont découvert que le blocage direct de l'activité de ces cellules entraînait des réactions douloureuses dans les tests sur les animaux qui duraient 10 fois plus longtemps que les témoins normaux. Jeffery Mogil, co-auteur principal, explique : « Les neutrophiles dominent les premiers stades de l'inflammation et préparent le terrain pour la réparation des lésions tissulaires. L'inflammation survient pour une raison, et il semble qu'il soit dangereux d'interférer avec elle ».

Qu’est-ce que cela signifie pour la science de la douleur ?

Les résultats de cette étude ne remettent pas en cause l’efficacité de ces médicaments à court terme. L’étude s’est concentrée sur les effets immédiats de la suppression de la réponse inflammatoire et sur l’impact sur la douleur chronique. D’autres tests à long terme sont encore nécessaires pour changer notre façon de penser la gestion de l’inflammation et des douleurs lombaires.

Ce que nous retenons de ces résultats, c’est qu’ils montrent à quel point la douleur peut être complexe. Plus nous en apprenons sur la science de la douleur, plus il devient évident qu’une approche unique peut être préjudiciable à notre santé à long terme.

Une approche holistique de la gestion de la douleur est sûre et fiable

La douleur est une affaire personnelle. Ce qui fonctionne pour quelqu'un d'autre ne fonctionnera peut-être pas pour vous. Une approche holistique de la gestion de la douleur est toujours recommandée : elle peut aider les personnes souffrant de douleur à découvrir une grande variété de changements positifs dans leur vie qui pourraient les aider à trouver le soulagement qu'elles recherchent. Un équilibre entre une alimentation saine, de l'exercice, un sommeil réparateur et des appareils sans médicament comme les appareils TENS font partie de l'approche holistique sur laquelle comptent des millions de personnes souffrant de douleur.

Lorsqu'il s'agit de gérer la douleur quotidienne, la clé est toujours d'écouter votre corps, d'écouter les experts et de continuer à essayer des traitements, car tôt ou tard, vous en trouverez un qui vous convient.

Lire l’étude complète ici.

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